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Entrée 33

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Entrée 33 - Le casse

Contre toute attente, nous avons réussi à atteindre nos petites cibles. Les deux tirs étaient extrêmement précis et les casques blindés s'affaissèrent un peu, bien que l'exosquelette maintînt les corps debout. À part le claquement sec de nos fusils, le seul bruit important fut celui des hallebardes de cérémonie que les deux gardes portaient et qui tombèrent au sol.

Nous ne pouvions rien faire avec les corps qui se trouvaient dans la cour, car ils étaient bien trop lourds à porter. Nous avons rapidement replacé les hallebardes dans leurs mains et relevé leurs têtes pour qu'ils aient l'air de monter la garde de prime abord, mais ça ne tromperait pas ceux qui les regarderaient de plus près, sans oublier les contrôles radio réguliers (ou équivalent). Bref, l'horloge tourne.

Nos armes de poing silencieuses brandies, nous sommes entrés dans les locaux et avons commencé à nous frayer un chemin dans le dédale des bureaux, des couloirs et des salles d'archives à la recherche d'un terminal. La majeure partie du bâtiment semblait vide. On entendait parfois des voix au loin, mais la nature oppressante de la combinaison de plafonds bas et de couloirs étroits semblait étouffer le son et il était impossible d'en identifier la direction. Une fois, nous avons croisé un bibliothécaire tellement plongé dans ses pensées que nous sommes passés presque à côté de lui sans qu'il ne s'en aperçoive, mais sinon, il n'y avait pas de gardes, rien. Il est possible que les prêtres aient jugé préférable de ne pas trop attirer l'attention sur le bâtiment, considérant la discrétion comme la meilleure forme de défense.

Au bout d'un certain temps, nous avons trouvé l'entrée d'un sous-sol et c'est là que les choses commencèrent à devenir intéressantes. Les escaliers menaient à un immense hall souterrain divisé en plusieurs structures semblables à des entrepôts. Chacune de ces structures était remplie de caisses en bois dont le contenu n'était repéré que par une série de chiffres et un code-barres. Je refoulai mon désir de trouver un pied-de-biche et d'en ouvrir une, car quel qu'en soit le contenu, elles étaient forcément précieuses. Jusque-là, nous avons eu beaucoup de chance, non seulement pour échapper à toute arrestation, mais aussi pour nous frayer un chemin, mais à ce stade, nous semblions nous trouver dans une impasse.

Notre hackeuse était aussi perplexe que nous. D'après les informations de la base de données Sage que nous avions pillée plus tôt, l'endroit était censé être rempli de matériel de haute technologie "Eclipse", quel qu'il soit, mais il n'y avait rien, juste un petit PC défectueux des années 90 dans l'un des bureaux annexes.

Une apparence astucieuse, certes, mais qui ne pouvait pas tromper Li - le port USB caché à l'arrière le trahissait. Cette petite boîte n'était pas ce qu'elle semblait être. Nos soupçons ont été confirmés au démarrage : au lieu d'un système DOS, une interface plutôt high-tech noire et verte est apparue sur l'écran. Vu ma position pour couvrir la porte, je ne pouvais pas lire les textes qui apparaissaient lentement sur l'écran, mais le froncement de sourcils de Li indiquait clairement que quelque chose n'allait pas.

"Ça ne devrait pas être là...", se dit-elle en marmonnant, alors qu'elle entrait des lignes de commande les unes après les autres, exerçant toute sa magie.

Soudain, un craquement aigu suivi de forts bruits parasites se sont fait entendre dans nos oreillettes. Nous avons tous grimacé et commencé à les débrancher - tous sauf moi et Espinoza, qui avions déjà entendu ce genre de signaux par le passé. Elle fixa son regard sur moi, son visage empli de peur et manifestement peu préparée à revivre cette épreuve.

Le son était cependant différent, plus sourd, peut-être plus adapté à nos oreilles et à nos esprits mortels. Néanmoins, le bourdonnement s'intensifiait, comme si de plus en plus de voix s'ajoutaient au chœur dissonant, pour finalement se fondre en un seul mot.

"Bienvenue".

Nous nous sommes tous regardés, mais avant que nous ayons pu comprendre quoi que ce soit, un trou dans le sol s'est ouvert au beau milieu du couloir à l'extérieur du bureau, avec un escalier étroit comme une gueule béante menant aux entrailles de la bête. Au même moment, la porte par laquelle nous sommes entrés s'est refermée. Nous étions enfermés et je me demandais si nous n'avions pas été attirés ici depuis le début pour des raisons que j'ignorais. Nous étions sur le point de le découvrir, pensai-je, alors que nous descendions avec précaution vers ce qui se cachait en bas.

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