Le Renault FT

Lorsque que l'on évoque les blindés français, et l'armée française en général, surtout à l'époque de la 2e Guerre mondiale, on y associe rarement la notion d'excellence. Cependant, c'est une des grandes ironies de l'Histoire que l'on se souvienne aujourd'hui de la grande armée française pour sa défaite contre la Wermarcht en 1940 et de sa "médiocrité", alors que rien n'est plus éloigné de la vérité. C'est l'armée française qui a inventé la configuration moderne des chars, toujours valide 90 ans plus tard, en perfectionnant le premier char d'assaut produit en masse, le Renault FT.

ft17

Pour trouver l'origine de cette réussite française, il faut remonter à l'enfer des tranchées de la guerre de 14-18. L'histoire de la naissance du char est bien connue, et l'idée de placer un canon sur un châssis chenillé remonte aux années précédant la guerre de 14. Les Français ont commencé à tester des véhicules à chenilles bien avant le conflit : le premier projet français de véhicule chenillé armé fut sans doute le canon automoteur Levavasseur de 1903. À l'époque l'armée n'était pas très intéressée et sons développement fut interrompu par la réduction massive de main d'œuvre qui survint une dizaine d'années plus tard.

leva

La naissance des véhicules blindés français est indéniablement liée au général Jean Baptiste Eugène Estienne, souvent surnommé le "père des chars" français. Constatant les pertes inutiles en vies humaines, il insista pour voir créé un véhicule chenillé équipé d'un canon de 75 mm. Ses idées furent tout d'abord ignorées, mais à force de persévérance, il finit par développer le premier char français, le Shneider CA 1, puis le Saint-Chamont.

Tout comme leurs équivalents britanniques et allemands, les premiers chars français, n'étaient guère plus que de caisses en métal montées sur un châssis à chenilles, copié sur les tracteurs américains Holt. Ils offraient une protection contre les fusils, les mitrailleuses et les shrapnels, mais guère plus. Ils étaient équipés de canons de 75 mm, soit la version Blockhaus Shneider courte, soit une variante du fameux canon de 75 modèle 1897, une des meilleures pièces d'artillerie jamais construites. Les deux avaient cependant un point commun : leur conception médiocre. En particulier la suspension, et leur inaptitude totale à opérer dans les conditions boueuses des champs de bataille de la Première guerre mondiale, leur chenilles étroites et leur lourde caisse placée trop haut les amenant à se trouver bloqués devant le moindre obstacle. En dépit de tous ces problèmes, environ 800 véhicules des deux types furent construits et certains poursuivirent leur carrière jusque dans les années 30. Mais il était clair que ce type de design était une impasse.

schneider

Un des autres problèmes des premiers chars étaient leur blindage. S'il se révélait suffisant contre les balles et les éclats d'obus, le général Estienne et les ingénieurs découvrirent rapidement que la valeur d'un blindage était toute relative. Il était sans doute possible de renforcer la protection des chars existants, mais ces véhicules lourds et lents seraient vulnérables au canon de campagne allemande de 77 mm, quelle que soit la quantité de blindage ajoutée. Il n'existait pas de moyens réalistes de protéger les blindés français contre des armes de ce calibre et plutôt que de créer un modèle plus grand et plus lourd, il fut donc décidé de développer un char plus petit. L'idée de vagues de chars légers de petite taille était née.

Renault proposa son prototype pour ce genre de véhicule vers la fin de 1917. Il reçu plusieurs désignations, mais la plus courante fut le "Renault FT" À l'époque de sa mise au point, ses concepteurs n'avaient pas la moindre idée qu'ils venaient de créer un véhicule qui allait changer à jamais la guerre mécanisée.

Contrairement à ses prédécesseurs, le FT était petit et léger, avec un poids d'environ 6,5 tonnes. Il était assez bien blindé pour protéger son équipage de deux hommes des armes de petit calibre et disposait d'un élément révolutionnaire, une tourelle rotative à 360° armée d'une mitrailleuse ou d'un canon Puteaux de 37 mm à faible recul. Il était également très rapide pour l'époque avec sa vitesse de pointe de 20 km/h, qui paraît dérisoire aujourd'hui, mais qui, à l'époque, était cinq fois supérieure à celle de son prédécesseur, le Schneider CA 1. Le général Estienne développa une tactique pour ces véhicules, celle de la saturation, où un grand nombre de chars légers et de petite taille submerge l'ennemi. Cette tactique se révéla plutôt efficace en 1918, quand les premiers FT arrivèrent au front.

renault

Le Renault FT devint le char le plus efficace de la Guerre de 14. Environ 4000 véhicules de ce type furent produits et il fut exporté dans plus de 20 pays. En fait, tous les pays qui avaient un programme de développement de char, utilisèrent le Renault FT comme point de départ à un moment ou un autre. En un sens, cette invention française perdure dans tous les chars modernes et ce n'est qu'aujourd'hui, avec l'apparition de capsules pour l'équipage et de tourelles automatiques que les anciens principes conçus pour le FT commencent à évoluer.

Vers le haut

Rejoignez l'action